Le 20 septembre 2019, une soixantaine d’enseignants représentant divers syndicats du primaire, du secondaire et du supérieur ont rencontré le Premier Ministre chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute, dans le cadre des consultations en prélude au grand dialogue national qui se tiendra du 30 septembre au 04 octobre prochains. Après quelques heures de concertation les enseignants ont mis en commun leurs propositions pour l’amélioration de la situation qui prévaut au Cameroun depuis trois ans.
Les points majeurs à l’ordre du jour
De leur concertation, les différents syndicats d’enseignants ont ressorti un certain nombre de points qu’ils ont jugé indispensables non seulement pour une sortie de la crise qui secoue les régions anglophones et qui impacte tout le pays, mais aussi pour l’amélioration de l’éducation au Cameroun en général.
Pour les représentants des enseignants, il est important de redéfinir la place de l’éducation dans les stratégies mises en place par l’État. De même, les syndicats ont insisté sur la nécessité de revoir certains textes, et d’en appliquer d’autres. À titre d’exemple, certaines dispositions de la loi n°98/004 du 4 avril 1998 d’orientation de l’éducation au Cameroun restent jusqu’à ce jour ignorées. L’autre exemple, c’est le statut particulier de l’enseignant qui, depuis 2000, attend toujours son décret d’application.
D’autres questions ont été soulevées notamment celles concernant le financement de l’éducation au Cameroun qui, selon les syndicalistes, est encore insuffisant. Rappelons que si le budget alloué à l’éducation en 2019 représente 13,91% du budget de l’état, il reste toujours largement en déçà des normes internationales qui recommandent qu’au moins 20% du budget soit alloué à l’éducation.
Après le financement, la problématique de la gouvernance globale et son impact sur l’éducation a fait l’objet des débats. Il s’agit en d’autres termes d’interroger l’impact que la corruption et l’impunité peuvent avoir sur le rendement des enseignants, et bien sûr d’évaluer les mesures que l’État prend pour lutter contre ces fléaux, et leur l’efficacité.
Réforme du système éducatif
Comme l’a rappelé Jacques Bessala, président du Collectif des Enseignants Indignés du Cameroun (CEIC), « au début de cette crise, la langue était l’un des problèmes majeurs que posaient sur la table les enseignants et les avocats qui avaient lancé le mot d’ordre de grève ». C’est sur cette base que les enseignants ont proposé, en plus de l’application des textes de loi qui régissent l’éducation au Cameroun, que le système éducatif camerounais soit réformé.
En pratique, il sera question de mettre sur pied un système éducatif véritablement bilingue et qui résulterait de la fusion des deux sous-systèmes que nous avons actuellement. Ce n’est un secret pour personne qu’avec le système actuel, un établissement bilingue n’est en réalité qu’un établissement dans lequel deux sous-systèmes cohabitent, chacun ayant ses propres spécificités. Difficile dans ces conditions de former des camerounais réellement bilingues, et ainsi d’offrir à tous les mêmes chances et les mêmes opportunités d’emploi ou de formation.
Sécurité et retour de la paix
D’après le président du CEIC, les enseignants n’ont pas manqué de soulever le problème de sécurité auquel les enseignants sont confrontés depuis le début de la crise anglophone. Des enseignants sont kidnappés, mutilés ou simplement assassinés dans les régions en crise, parfois sans que les pouvoir publics ne lèvent le petit doigt.
De plus en plus, les enseignants sont en insécurité sur leur lieu de service, que ce soit en région anglophone ou non. Il est donc impératif que la paix revienne dans les régions anglophones et dans les autres régions du pays, pour que les enfants puissent enfin jouir du droit à l’éducation qui est le leur.
C’est, en conclusion, le vœu que les enseignants ont émis au sortir de la concertation avec le Premier Ministre.
Crédit photo : Jacques Bessala
C’est bien…
Vivement que cette crise prenne fin, entre les enseignants qui travaillent avec une peur constante d’être violenté, les élèves qui perdent les cours, les classes pléthoriques, bref, tout est réuni pour stresser les enseignants
Nous voulons la paix !! Trop de pertes d’infrastructures, de vies humaines et même des retards dans la couverture des programmes scolaires…