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Les désastres de la « théorie » de l’interdisciplinarité dans l’éducation Camerounaise

Edublog by Edublog
20 septembre 2019
in Éducation
9
Les désastres de la « théorie » de l’interdisciplinarité dans l’éducation Camerounaise

A female teacher teaching science to a classroom of students at a primary school, Ghana, West Africa, Africa

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Comme tous les week-ends, Mme N. prépare sa semaine de cours. Autour d’elle plusieurs livres et fascicules qu’elle consulte pour préparer ses leçons d’informatique, la matière qu’elle dispense depuis deux ans déjà dans le lycée technique où elle a été affectée dès sa sortie de l’École Normale Supérieure d’Enseignement Technique (ENSET).

Pourtant, Mme N. n’est pas professeur d’informatique. Sa spécialité à elle, c’est l’Industrie d’Habillement (IH). Malheureusement, cette série n’est pas disponible dans le lycée technique où elle a été affectée à sa sortie de l’école normale. Le chef d’établissement, n’ayant pas de professeur d’informatique sous la main, a décidé de lui attribuer cette matière dans laquelle elle n’a pourtant aucune compétence.

C’est la même situation que vit M. F., professeur bilingue affecté dans un lycée d’enseignement général. Formé pour enseigner le français aux apprenants du sous-système anglophone, et/ou l’anglais aux apprenants du sous-système francophone, il se retrouve à enseigner, en plus de l’anglais, l’histoire-géographie et le français (aux apprenants francophones). Pourtant chaque discipline a une méthodologie et une didactique bien précises, et on ne saurait transposer l’enseignement d’une discipline à une autre.

Depuis l’école de formation, les enseignants sont formés en fonction de leurs spécialités. Et bien sûr, l’admission à chaque spécialité se fait sous certaines conditions. Il est par exemple difficile voire impossible qu’un titulaire d’un baccalauréat littéraire accède à certaines filières à l’école normale. Le problème c’est qu’une fois sortis, il n’est pas rare que ces enseignants se retrouvent en train d’enseigner des matières dans lesquelles ils ne sont pas formés. Le problème, c’est la gestion catastrophique et la répartition inéquitable du personnel enseignant.

Le personnel enseignant, au Cameroun est en nombre insuffisant. Selon des chiffres publiés par Cameroon Tribune en 2017, le déficit tournait autour des 50.000 enseignants. Malgré le fait que des milliers d’enseignants soient mutés chaque année, on a l’impression que la situation ne s’arrange pas car malgré le déficit pourtant énorme, la ville de Yaoundé à elle seule, se retrouvait selon la même source avec un excédent de 3.000 enseignants.

Évidemment, il se pose un problème de gestion du personnel. Sur le terrain, il est facile de vérifier cela : tandis que certains établissements sont en manque criard d’enseignants dans certaines matières, d’autres par contre en ont à n’en savoir que faire. Et quand il arrive que dans le même établissement un département soit en excédent tandis qu’un autre est dans le besoin, les chefs d’établissements préfèrent allouer eux enseignants des matières qui ne sont pas les leurs.

Les cas les plus récurrents sont ceux d’enseignants du sous-système anglophone – quelle que soit le spécialité – qu’on envoie enseigner l’anglais en section francophone, estimant que puisqu’ils parlent couramment anglais, ils n’auront aucune difficulté à l’enseigner. L’inverse se vérifie aussi. Dans les lycées bilingues, des enseignants du sous-système francophone sont régulièrement envoyés enseigner français en classe anglophone.

Pourtant, il suffirait d’améliorer la gestion du personnel pour régler les problèmes. Car il faut le dire, envoyer un enseignant dispenser une discipline qui n’est pas la sienne ne rend pas service aux apprenants. Même pour des matières qui de loin semblent similaires. Par exemple, l’enseignement du français en classe francophone (français 1) est différent de l’enseignement du français en classe anglophone (français 2). Un enseignant de français 1 qui n’est pas recyclé aura du mal à bien dispenser le cours de français en classe anglophone. C’est encore plus vrai quand il s’agit de professeurs de langues vivantes qui sont contraints à dispenser des cours de français ou d’anglais.

Il existe dans l’imaginaire collectif camerounais une « théorie de l’interdisciplinarité » qui veut que le professeur d’allemand soit « bon » en anglais, et le professeur d’espagnol excellent en français. En cas de pénurie, dans les départements d’anglais ou de français, il suffira de faire appel à un professeur d’allemand ou d’espagnol.  

Pour certains adeptes de cette théorie, tout enseignant de langues est qualifié pour enseigner n’importe quelle langue, et tout enseignant scientifique peut enseigner n’importe quelle discipline scientifique. Vous verrez ainsi des professeurs de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) enseigner physique-chimie ou mathématiques, des professeurs de latin reversés au département de français ou d’anglais, etc.

Mais la théorie va plus loin, en posant que tout enseignant francophone peut enseigner le français et même que tout enseignant anglophone peut enseigner l’anglais. C’est ainsi que, au quotidien, des milliers d’enfants sont « noyés » par des enseignants qui, quand ils ne sont pas contraints d’enseigner ces matières par leurs supérieurs hiérarchiques, sont convaincus qu’ils sont en train de rendre service à l’éducation nationale.

Il convient ici de rappeler que c’est cette pratique qu’en 2016, les enseignants anglophones ont appelé « francophonisation » du système éducatif anglophone, et qui a partiellement causé la crise anglophone. Si dans certains cas on retrouve des enseignants francophones qu’on envoie enseigner en français ou des enseignants anglophones en anglais, il existe également des cas où des enseignants francophones sont affectés dans des établissements purement anglophones. Dans ces cas, les chefs d’établissements envoient ces derniers enseigner leurs matières, mais en anglais.

Un enseignant de chimie peut-il enseigner chemistry ? Un enseignant de philosophie peut-il enseigner philosophy ? Un enseignant de SVT peut-il enseigner biology ? Bien évidemment la réponse est non. Non seulement les programmes et les approches sont différentes, mais pire encore la langue constitue un véritable obstacle. Au finish, c’est l’élève qui sort perdant.

La situation, qui était déjà préoccupante, a empiré depuis que le déploiement du personnel ne se fait plus via les délégations régionales des enseignements secondaires. Il y a en effet quelques années, les enseignants étaient d’abord affectés dans les délégations régionales qui se chargeaient à leur niveau de les déployer sur le terrain en fonction des besoins. Cela permettait que certains dysfonctionnements soient évités.

Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Depuis le ministère, les enseignants sont parachutés dans les établissements, et ce sans tenir compte ni de leurs spécialités, ni des besoins de l’établissement.

Il est impératif d’arrêter la saignée, pour le bien-être des apprenants qu’on prétend aimer. L’éducation au Cameroun est en chute libre parce que les bonnes personnes sont au mauvais endroit. Le ministère des enseignements secondaires doit repenser la gestion du personnel, et tenir compte des besoins lors des affectations et des mutations des enseignants. Peut-être est-il grand temps que les délégations régionales des enseignements secondaires soient à nouveau mises à contribution pour gérer de façon optimale le personnel et ainsi éviter des désagréments aux enseignants et aux apprenants…

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Tags: didactiqueformationinderdisciplinariteméthodologie
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Comments 9

  1. Frieda says:
    4 ans ago

    « L’éducation au Cameroun est en chute libre parce que les bonnes personnes sont au mauvais endroit. »
    C’est tellement vrai ..Super article

    Répondre
  2. Le Varan du Kwat says:
    4 ans ago

    La majorité des enseignants veulent donner cours à Yaoundé et Douala, laissant l’arrière pays vide. Pour moi au moins les 5 premières années de services doivent être passer dans les villages, avant une possible mutation.

    Répondre
    • Edublog says:
      4 ans ago

      C’est exactement cela. Tout le monde veut rester en ville, et puisque ce n’est pas possible, les gens se retrouvent parfois à corrompre pour être mutés en pleine ville. Ça pose un autre problème, celui des conditions de vie dans les zones reculées. Sans une amélioration de ces conditions les enseignants déserteront toujours et chercheront à tout prix à travailler en ville. Nous préparons un article sur les conditions de travail dans ces zones là.

      Répondre
  3. achillofoss says:
    4 ans ago

    j’ai vecu cette situation au lycée en classe de 5e. on nous avait affecté un prof de français pour nous dispenser histoire et geographie,un prof de philo pour le francais. c’est pas recent ces evenements

    Répondre
    • Edublog says:
      4 ans ago

      Ça se fait depuis longtemps. Et les conséquences se font progressivement ressentir. On observe tous une baisse progressive du niveau scolaire au fil du temps. Bien sûr, ce phénomène n’en est pas la seule raison, mais nous pensons qu’il y contribue

      Répondre
  4. Tinsoba Moubarak says:
    4 ans ago

    Intéressant, vivement que l’on tienne compte des spécificités des enseignants.

    Répondre
    • Edublog says:
      4 ans ago

      Vivement que les enseignants se mobilisent pour ça. Surtout que ce n’est en général pas un problème de pénurie du personnel, mais plutôt de mauvaise répartition.

      Répondre
  5. SAKE NGANE Jeanne Aude Francine says:
    4 ans ago

    Triste réalité de l’enseignement au Cameroun ! Mais c’est une situation qui devrait interpeller l’Etat au même titre que les enseignants (et surtout les enseignants car c’est paradoxal d’enseigner ce que l’on ne connaît pas et celà est contraire à l’Ethique)

    Répondre
    • Edublog says:
      4 ans ago

      C’est justement le cas des enseignants qui acceptent docilement d’enseigner ce qui est hors de leur compétence qui est le plus inquiétant. Ce sont les enseignants qui doivent faire comprendre aux pouvoir publics et à leur hiérarchie que leurs spécialités doivent être respectées. Autrement rien ne changera jamais.

      Répondre

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